Deux mois après l'abandon du projet de Center Parcs à Roybon (Isère), des zadistes occupent toujours les lieux. Ces opposants y sont présents depuis 2014, le maire demande à l'Etat de faire évacuer le site.
Ce devait être un complexe de mille cottages, des commerces et des restaurants au milieu d'un espace aquatique, au cœur de la forêt des Chambarans. Mais après dix ans de bataille judiciaire, le projet de Center Parcs de Roybon a été enterré par son promoteur, Pierre et Vacances mercredi 8 juillet. Près de deux mois plus tard, le maire de la commune iséroise "tire la sonnette d'alarme".
"La priorité, c'est l'évacuation de la ZAD (zone à défendre, NDLR)", lance Serge Perraud, demandant l'aide de l'Etat "avant que des faits puissent se produire et qu'on ne les maîtrise plus". Car le terrain où devait être construit le Center Parcs est toujours occupé par une poignée de zadistes, ces opposants au projet qui y ont élu domicile depuis 2014.
Sur le site, rien n'a changé. Les mêmes cabanes se dressent sur ce terrain en lisière de forêt et leurs occupants restent muets aux sollicitations des journalistes. Ils avaient pourtant fait savoir, quelques jours après l'abandon du projet, leur intention de rester sur place. "Ici, nous somme nombreu.s.e (sic) à avoir l’envie de continuer à habiter et à défendre cette forêt dans laquelle nous avons construits (sic) une partie de nos vie depuis bientôt 6 ans", peut-on lire dans un billet de blog.
Médicaments, nourriture, vêtements... Les zadistes dressent, dans ce texte, la liste de leurs besoins matériels en cas d'intervention des forces de l'ordre pour évacuer le site. Sollicités, les zadistes n'ont pas souhaité s'exprimer mais au village, la colère gronde. Le maire, qui avait affiché son soutien projet, fulmine. "Ca ne peut plus durer comme ça (...) compte tenu de l'ambiance complètement délétère qui existe aujourd'hui, dit-il. Les Roybonnais sont excédés et complètement dépités de ce qu'il s'est passé, je ne maîtrise plus ce qu'il pourrait se passer, autant d'un côté que de l'autre."
"Ils ont gagné"
Pour Roybon et ses 1200 habitants, majoritairement favorables au Center Parcs, le rêve d'un développement économique s'est définitivement envolé. Les 390 millions d'euros d'investissement et les quelques centaines d'emplois annoncés sur ce territoire isérois ne verront jamais le jour. Restent seulement des relations tendues, des crispations.
L'édile veut désormais passer à autre chose et demande l'expulsion des zadistes qui occupent un terrain appartenant pour partie à l'Etat, et pour une autre à Pierre et Vacances. "Ils ont gagné, donc je ne vois pas du tout pourquoi on tolère encore ces zadistes sur ce territoire", s'agace le maire qui se concentre aujourd'hui sur de nouveaux projets pour redynamiser son village en perte d'attractivité.